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Avec l’arrestation de Noureddine Tounsi, la répression s’étend aux lanceurs d’alerte

Radio M | 24/09/20 21:09

Avec l’arrestation de Noureddine Tounsi, la répression s’étend aux lanceurs d’alerte

Stupeur et indignation générales dans les rangs des activistes politiques cette semaine suite à la triste nouvelle de l’arrestation, lundi dernier, du lanceur d’alerte Noureddine Tounsi. Sa garde à vue a été prolongée pour “complément d’enquête”, dans un premier temps, avant d’être placé sous mandat de dépôt, le mercredi 23 septembre.

Sa famille, ses voisins et amis ainsi que certains défenseurs des Droits de l’homme à Oran sont partagés entre la colère et la consternation. Noureddine Tounsi, un lanceur d’alerte, connu notamment pour être derrière l’éclatement de plusieurs scandales de corruption au niveau du Port d’Oran, a été arrêté devant son domicile alors qu’il était en compagnie de son avocat et deux petites filles.

Selon son épouse, Tounsi, conduit au siège de la Sûreté de wilaya, a été interrogé jusqu’à une heure tardive de la nuit. Cependant, ni son avocat, ni sa famille, ni les autres lanceurs d’alerte d’Oran, ne sont informés sur les raisons de cette arrestation. Il n’a jamais été destinataire d’une quelconque convocation de la part de la police ces jours-ci affirment sa femme et son avocat. Ce dernier a subi des pressions et des menaces pour remettre le téléphone de son mandant que Tounsi a laissé dans sa voiture.

Dans la matinée de mardi, la famille, les amis du lanceur d’alerte, ainsi que le responsable du bureau d’Oran de la LADDH se sont retrouvés au tribunal de Cité El Djamel pour l’assister et le soutenir. Cependant, en début d’après midi, ils apprennent que l’interrogatoire se poursuit avec lui au niveau du Commissariat et qu’il y a de fortes chances pour qu’il ne soit pas présenté au tribunal aujourd’hui.

Dans ses vidéos mis sur la toile, Tounsi a réclamé plus d’une fois la rencontre du ministre de la Justice pour s’enquérir du devenir de certains dossiers fournis à la Justice et à des services de sécurité. Il a été derrière l’éclatement au grand jour du scandale de la sous-facturation des importations d’Ali Haddad ; de l’affaire des surestaries et les pertes que subissait l’OAIC alors que d’autres importateurs de blé bénéficiaient de tous les égards, ….. Tounsi a déjà fait l’objet d’une arrestation “hollywoodienne” quelques jours après le début de l’affaire des 700 kilos de cocaïne découverts à bord d’un cargo au large des côtes oranaises.

Il a séjourné plus de 72 heures au commissariat de Dar El Beida à Alger dans le cadre d’une instruction sur ce dossier. Il a participé à la chute de l’ex directeur de l’Agence Foncière d’Oran, actuellement en prison après sa condamnation à huit ans de prison. Tounsi, dans ses vidéos populaires sur la toile, se revendique comme étant un lanceur d’alerte depuis quelques années déjà. Il dénonce à visage découvert…..

Vingt quatre après son arrestation, son entourage est resté sans la moindre idée sur le motif de son interpellation. On suppose alors qu’elle a un lien direct avec la dernière vidéo qu’il a mis en circulation sur la toile où il ressuscite des dossiers que la Justice s’empêche d’examiner, selon ses dires. Finalement, le mercredi en fin de journée, il a été présenté devant un juge d’instruction qui a décidé le mandat de dépôt.

Selon Me Khemisti, qui s’est constitué à la dernière seconde pour l’assister, et le CNLD, Tounsi est poursuivi pour six chefs d’inculpation “intelligence avec l’étranger, divulgation de secrets pour pays étranger, tentative de pression sur la justice par le biais de vidéos diffusés sur les réseaux sociaux.”

Certes, sa dernière vidéo a été reprise par la chaîne Awrass, mais sans accord. Or, tout le monde sait qu’il n’a jamais répondu favorablement aux sollicitations de la chaîne londonienne Al Maghabia quand il cherchait à médiatiser son combat contre les prédateurs du Port d’Oran. Par contre, sa rencontre avec un responsable du PLAAF (Plate forme des lanceurs d’alerte africains) remonte à 2017.

Afin de l’empêcher de rencontrer Belkacem Zeghmati, en visite à Oran, et surtout lui remettre des dossiers ficelés sur les scandales du Port d’Oran, Tounsi a été “coffré”. C’est du moins la version relayée par plusieurs sources. Désormais, il risque des mois voire des années de prison pour faire taire sa voix devenue assourdissante.